Le Style Louis XV
Les matériaux et les essences de bois utilisés
Tous les genres de bois précieux sont travaillés aussi bien les roses que les amarantes ou les violettes. L’utilisation du chêne commence à se généraliser pour les bâtis des meubles, à la place des sapins et du peuplier. Ces dernières essences restent néanmoins présentes dans certains meubles. Pour le placage, le recours aux essences plus éclatantes (bois de rose, palissandre, poirier, …) teintées ou naturelles rend les couleurs des meubles plus éclatantes. Le tilleul, le noyer, le merisier, l’hêtre ou même l’acajou se rencontre notamment sur les carcasses des sièges. Pour la marqueterie, plus d’une centaine d’essences entrent en jeu, parmi lesquelles l’acajou figure en bonne position. Les motifs végétaux (fleur, gerbe, ...) et les dessins géométriques permettent de faire ressortir des compositions reluisantes. Côté technique, le procédé utilisé par Boulle a été abandonné sauf pour la marqueterie des coffrets et des horloges.
La finition
On assiste à l’épanouissement des formes légères accentuant les courbes et faisant ressortir la grâce qui est de règle pour le style Louis XV, style représenté également par ‘la rocaille’ ou coquille, l’emblème favori. Les pieds et les panneaux deviennent galbés. C’est l’avènement de la ligne courbée à la place de la ligne droite. Ce qui nécessite l’invention de nouvelles techniques et d’outils neufs. C’est à cette fin que le wastringue, outil d’ébéniste, fut inventé. Bien sûr, c’est l’époque radieuse de l’ébénisterie et également de la décoration prouvée par la présence massive des glaces et murs décorés. Le placage et la marqueterie étaient toujours très appréciés et connurent leurs plus belles apogées. Malgré la difficulté supplémentaire apportée par les lignes galbées et courbées des meubles, les ébénistes et les menuisiers n’abandonnèrent pas ces deux techniques de finition. Ils se crée ainsi des tables en tous genres : de chevet, chiffonnières, poudreuses. On a pu profiter des sièges cambrés, avec coussins amovibles et à pieds très fins, et pour se prélasser, rien de mieux que les fauteuils ‘cabriolet’ à dos rond. Des meubles très pratiques ont vu le jour comme les premiers bureaux ‘dos d’âne’ ainsi que les commodes à double tiroir. D’autres furent crées, comme la bibliothèque, et complètent les meubles déjà existants tels que les petites commodes, les sièges de toutes sortes , les tables, etc.
Pour les panneaux laqués, le prélèvement de panneaux plats sur des meubles importés de Chine a atteint sa limite. En effet, il était difficile, voire impossible de galber les panneaux. Le salut est venu de la réussite du procédé de copie des laques à fonds noirs et clairs, mis au point par les frères Martin. Ce procédé a permis notamment de reproduire des motifs floraux, des scènes champêtres et des chinoiseries sur le mobilier. La finition utilisant le bronze était aussi en vogue. En plus de sa fonction protectrice, cette matière permet de mettre en exergue les dessins. Parfois, le bronze est doré ou verni à l’or. Les marbres ont également été utilisés en carderon ou en cavet pour les décorations intérieures. Les panneaux des petits meubles sont parés de médaillon de porcelaine ou de plaques rectangulaires.
Des noms et des créateurs célèbres
Plusieurs ébénistes et menuisiers ont laissé leurs empreintes et figurent parmi les plus représentatifs de ce style. Les noms de Nicolas Heurtaut, de Lebas, des deux Jean-Baptiste (Gourdin et Tillierd), de Claude Séné, etc. sont souvent cités comme des menuisiers les plus significatifs et les plus prolifiques de ce style. Les noms de Cressent, de Jacques Dubois, de Nicolas Petit, d’Adrien Delorme, de Garnier émergent parmi les ébénistes français. Dans cette catégorie, des ébénistes étrangers comme Bernard Van Riesenburgh ou Baumbauer se sont installés en France.
